KOUKOUJ

KOUKOUJ

Quel drôle de nom pour une association...

Koukouj, en créole Haïtien, signifie luciole, ceci peut paraître étrange pour le nom d'une association, mais en fait c'est aussi le surnom de ce petit garçon que nous avons rencontré lors de nos séjours à Haïti, depuis 2015.
Il semblerait qu'on le nomme ainsi, car comme une luciole il est en mouvement perpétuel à s'agiter dans tous les sens. Anecdote mise à part sur ce surnom, cet enfant nous a touché par son humilité excessive, sa discrétion et sa joie de vivre malgré sa situation peu envieuse.

A titre d'autre anecdote, en 2015, lors de notre première rencontre nous nous sommes rendus compte à la présence d'un discret bandage que ce petit était blessé au pied, mais à aucun moment il ne s'en était plaint. Nous avons discuté avec lui à ce sujet et avons insisté « lourdement » afin d'obtenir qu'il veuille bien qu'on s'occupe de lui, et lui apporter un modeste soin à son pied qui s'est révélé être fortement infecté, et vraisemblablement douloureux.

Le lendemain après sa journée de corvées, car malgré son jeune âge, dix ans environ, il avait déjà beaucoup de travaux à accomplir dans la famille qui l'accueillait, il semblait se porter mieux. Cependant, vers 19h00 nous l'avons trouvé couché par terre, tremblant, visiblement avec une forte fièvre. Nous étions alors, les seuls à s'inquiéter de son état de santé, et avons pris la décision de le faire soigner par un infirmier local, considéré comme le médecins du village. L'hôpital le plus proche se trouve à 20km environ, ceci peut sembler proche mais représente 4 heures à pied et une heure de bus, les voitures étant rares en ces lieux retranchés non desservis par une route carrossable.
Ce « médecin » lui a désinfecté le pied et lui a administré des antibiotiques car la plaie était purulente.

Le lendemain suivant, le petit Koukouj allait beaucoup mieux. Nous étions content de le voir et c'est alors que qu'on nous a dit : « Mieux vaut payer les 30 $ Haïtien (150 HTG ≈ 2,5 €) à l'infirmier plutôt que son enterrement ! » nous étions stupéfaits et atterrés d'entendre ce genre de propos mais tellement révélateur de la valeur que l'on porte à ces enfants.

Nous étions triste de partir sur ce constat, sur la manière de considérer les enfants, nous nous sommes sentis impuissants face à leur situation.

Comme de nombreux enfants placés dans des familles un peu plus aisées, leur journée est très longue, commençant aux aurores, vers cinq heures du matin, se terminant au coucher de ses « maîtres », vers vingt heures...
En 2016, nous avions hâte de revoir Koukouj, son absence dans la famille nous a tout de suite interpellé.

Nous avons alors appris que le petit souffrait maintenant de crises d'épilepsie depuis quelques temps, en conséquence il n'était plus très utile, car, plus très fiable avec ses nombreuses chutes.

Nous sommes allés le voir, chez sa mère, afin d'en savoir plus.

Dans cette cabane, qui sert de maison, nous avons trouvé la maman occupée à préparer le premier repas familial de la journée, il était près de 17h00, jusqu'alors, depuis le matin ils avaient grignoté ce qu'ils ont pu récupérer de leur service chez les familles pour lesquelles ils travaillent. Koukouj était là, à la fois timide et content de nous voir, semble-t-il, avec un turban composé de deux tee-shirts qu'il avait astucieusement noués sur sa tête.

Nous avons également été très heureux de le revoir et surpris de son accoutrement. C'est alors que sa mère nous a expliqué la situation de son fils, son fatalisme sur l'état des choses et son incapacité à changer le destin, « je n'ai pas les moyens de le soigner et de toute façon il va mourir » …

C'est alors que nous avons décidé de lui laisser un peu d'argent pour pouvoir apporter quelques soins à cet enfant.

Dans les jours qui ont suivi nous avons croisé Koukouj avec des larmes ou du sang, suite à ses différentes chutes dues à ses nombreuses crises d'épilepsie. Il pouvait, certains jours tomber 3 ou 4 fois dans la journée, parfois plus, parfois moins. Quelques fois nous avons retrouvé le petit garçon joyeux, comme nous l'avions laissé l'année d'avant, mais rarement.
En décembre 2017, après de nombreux mois de réflexions nous avons décidé de mettre en place cette association, car, cette situation vécue par de nombreux enfants d'Haïti n'est pas supportable sur différents points :
* Le 1er Janvier 1804 le peuple Haïtien a pris son indépendance et à proclamé la fin de l'esclavage; cependant , selon nous il existe encore à ce jour une forme de soumission des plus pauvres envers les plus aisés, une sorte d'esclavage familial dont pâtissent les enfants.
* Le droit à la scolarité, que nous bénéficions sans grand effort, nous paraît indispensable dans un pays en voie de développement, comme Haïti que nous commençons à connaître. Il faudra encore de nombreuses années et une stabilité gouvernementale certaine pour que les choses continuent à s'améliorer.
* La différence de niveau de vie entre la France, l'Europe et ces pays est telle qu'avec relativement peu de moyen il est possible de faire beaucoup.

Si nous pouvons agir, nous devons le faire sans attendre.

Le 17/12/2017 s'est tenue l'assemblée générale constitutive de l'association, 26/12 les formalités de créations ont été déposées à la sous-préfecture d'Epernay(51).
Le 30/12/2017 l'association KOUKOUJ était officiellement créée et enregistrée.

Le 13/01/2018 nous avons appris que le petit Koukouj est décédé quelques semaines auparavant.



Ceci confirme deux principales choses :
1 - Notre action est nécessaire pour sauver d'autres enfants
2 - Il est urgent d'agir.

Nous étions profondément touchés par la situation de Koukouj, nous sommes totalement abasourdis par cette nouvelle, mais sommes encore plus motivés pour mener à bien notre projet.

Merci pour la lecture de cette page, difficile à rédiger dans ce triste et pénible contexte, merci pour votre soutien, passé, présent ou à venir.                                       
Etide SAINT-LAURENT
Vice-Présidente    
 Christophe ZELLEK
 Président
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